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52 – BONNE de BOURBON (1341-1403)

Comtesse de Savoie

Bonne de Bourbon, dite « Madame la Grande », née vers 1341, décédée à Mâcon le 19 janvier 1402, est une noble de la maison de Bourbon, devenue par mariage comtesse de Savoie.

Fille de Isabelle de Valois (1313-1383), sœur de Philippe VI, et de Pierre I° de Bourbon, (né en 1311- blessé à Crécy et mort à la bataille de Poitiers en 1356) , elle était la sœur de Jeanne (1338-1378), future épouse de Charles V, de Marguerite, (épouse du sire d’Albret et comte de Dreux), de Catherine, (épouse du comte d’Harcourt et baron d’Elbeuf), de Blanche (épouse du roi de Castille, Pierre le Cruel). Elle avait aussi comme frère, Louis II de Bourbon (1337-1390), emprisonné par les Anglais en otage de Jean le Bon de 1359 à 1369, un vaillant soldat qui combattit en France bien sûr, mais aussi en Espagne pour son beau-frère le roi de Castille contre les Maures, et dans le royaume de Tunis pour le compte de la république de Gênes.

Bonne de Bourbon épouse en 1355 d'Amedée VI de Savoie.

On avait d’abord pensé lui faire épouser Godefroy de Brabant, comte de Limbourg qui mourut bientôt, on se rattrapa donc sur le jeune et vaillant 17° comte, Amédée VI (1334-1383) dont le mariage fut réglé et négocié en 1355 à la suite du traité de Paris qui réglait le contentieux franco-savoyard suite à l’annexion du Dauphiné à la France. Le comte Aymon avait d’abord pensé marier Amédée à Jeanne de Bourbon, mais son père étant mort, Amédée change d’avis préférant Bonne – qui n’a que 14 ans - à sa sœur (qui ne perdit pas au change en épousant Charles V). Les deux « promis » se rencontrent au Bourget en janvier 1355 avant de se marier à Chambéry tout en donnant bientôt ensuite sa préférence aux pays Lémaniques (y faisant construire le château de Ripaille entre 1371 et 1388) et à la noblesse vaudoise.

Epouse active et modèle, elle eut quatre enfants dont un seul survit Amédée VII (1360-1391), auquel elle donna en mariage en 1377 Bonne de Berry {53} mais elle ne se contenta point de ce zèle matrimonial car une active politique extérieure poussait le Comte Vert à de longues absences qui donnèrent de fait une grande influence à son épouse et à ses conseillers Louis de Cossonay et Odon de Villars.

Les évènements vinrent compromettre cette belle conjoncture. En 1383, Amédée VI meurt en lui confiant expressément la régence pour leur fils Amédée VII (il avait pourtant 23 ans mais il semblait plus porté sur les armes que sur la politique) . Cependant tout semble aller encore pour le mieux car la « vieille » comtesse va de fait gouverner (assez sagement d’ailleurs) les Etats de son fils en bonne relation avec lui et avec sa jeune femme Bonne de Berry.

Ce n’était cependant qu’une apparence car la tension ne va cesser de croître entre les deux femmes d’abord à propos des querelles internes de la famille voisine et parente des Visconti (Bonne de Bourbon et son fils soutiennent Galleas Visconti alors que Bonne de Berry soutient Charles Visconti mariée à une d’Armagnac). Mais des questions plus intimes interviennent aussi : Bonne de Berry supportant de plus en plus mal la domination de sa belle mère et le rôle du douteux et mystérieux docteur Granville qui semblait pouvoir guérir le comte, ses fils et petits fils de tous leurs maux visibles ou non.

Tout dégénére en 1391 lorsque Amédée VII meurt brutalement non sans avoir cependant préparé sa succession comme son père en laissant la régence à sa mère plutôt qu’à sa femme, mais cette fois la décision du défunt fut beaucoup moins bien acceptée. La naissance d’une dernière fille posthume d’Amédée VII n’apaisa point la tension ni les interventions apaisantes de Jacques de Savoie-Achaïe. Avec d’autant plus d’ardeur, les partisans de Bonne de Berry accusèrent la comtesse-mère et ses conseillers le médecin Grandville d’avoir tué le jeune prince à leur (le pauvre homme torturé sur ordre du duc de Berry, avait avoué tout ce que l’on avait bien voulu lui faire dire), on l’accusa aussi de remplir son conseil de Vaudois dont le vieux chevalier poète Otton de Grandson dont on fit rapidement son amant. La naissance de Jeanne {54} , la dernière fille posthume d’Amédée VII n’arrangea rien ni l’intervention apaisante de ...

L’affolement des cours fut d’autant plus grand que la France et la Savoie étaient compromises en même temps l’une avec la folie de Charles VI et l’autre avec la querelle des « deux Bonne ». la prééminence des ducs de Berry et de Bourgogne sur leurs frères Bourbon et Orléans aboutirent à un compromis qui bien sûr ne satisfait personne. En 1393, la médiation française lava Bonne de Bourbon de toutes ces accusations mais à la condition du mariage du jeune comte Amédée VIII avec Marie de Bourgogne la propre fille de Philippe mais aussi de l’éloignement de la « vieille » comtesse qui convoquée à Lyon en 1395 par ses quatre oncles, dût se résigner à la retraite, qu’elle choisit à Mâcon sur terre de France …. mais près de la Savoie.

Entre temps, Otton de Grandson avait dû s’exiler, il ne revint qu’en 1396 après les rétractations de Granville, il réclama lui aussi justice d’où un célèbre duel judiciaire à Bourg où le vieux chevalier trouva la mort devant le jeune Estavayer.

De toutes les façons, tout était fini, Bonne meurt à Macon en 1403 loin de ceux qu’elle avait aimés (ou détestés). Fut-elle malchanceuse après avoir eu toutes les chances ou aimante ou abusive, sage ou imprudente ? l’histoire a du mal à transcher.


  • CRETON R. T. : Bonne de Bourbon comtesse de Savoie , Cabedita 2003.
  • GABOTTO G. L'età del Conte Verde in Piemonte, in Misc. di storia ital., s. 3, II (1895), pp. 158 s., 288.
  • CIPOLLA C et F. CERASOLI F.  Innocenzo VI e Casa Savoia ,ibid, VII (1902), pp. 181, 183 ss., 210-213.
  • PASCALEIN E., La Comtesse de Savoie Bonnede Bourbon a-t-elle empoisonné son fils Amédée VII ?, in Revue Savoisienne, XXXIV (1893), pp. 109-114.
  • COGNASSO F. Il ConteVerde, Turin, 1926, pp. 70, 112 ss., 160, 180, 265.
  • Maria José de Savoie, Amedeo VI e Amedeo VII di Savoia, [Milan 1956].